La Psychothérapie Corporelle Intégrée (PCI) est une synthèse de plusieurs approches psychologiques (Gestalt, reichienne, psychologie du Soi, relations objectales) et de plusieurs techniques permettant d’intégrer l’expérience corporelle au cœur du processus de développement et d’intégration du Soi.
Le travail avec la respiration, le mouvement, les frontières et la présence, dans le cadre de la relation thérapeutique, permet de supporter une nouvelle expérience de Soi et de stimuler un sentiment nouveau de vitalité. Cette approche multi-modale (développée par les Docteurs Jack Rosenberg et Marjorie Rand) fait intervenir plusieurs dimensions au cours d’une même séance de thérapie afin de permettre une intégration somatique de la conscience. Car c’est essentiellement à travers le corps que l’expérience psychologique se vit et est mise en mémoire. L’expérience clinique a montré que le travail simultané entre les enjeux psychologiques et leur enracinement corporel permet d’accéder à une expérience de Soi différente du passé et d’échapper aux schémas défensifs habituellement reproduits dans la vie présente.
La PCI porte attention au niveau de vitalité de la personne ainsi qu’à ses habiletés permettant de retrouver et de maintenir un enracinement corporel capable de fournir au sentiment de Soi une base stable pour affronter les changements liés aux mouvements de la vie.
La grille holographique de la PCI (appelée aussi « roue de la PCI ») contient les conditions, les interruptions, les arènes et les interventions thérapeutiques pour guider le client et le thérapeute à travers le processus de rétablissement du Soi essentiel. En voici les éléments principaux.
En PCI, nous définissons le Soi comme une expérience d’identité, de continuité et de bien-être ressentie dans le corps. Le corps est le lieu de résidence et d’expérience du Soi. C’est le baromètre de l’expérience, le miroir qui indique le mouvement d’expansion ou de contraction de l’organisme. Tout ce qui se vit psychologiquement se traduit par une expérience corporelle. Le corps contient toutes les mémoires des expériences passées et il est le lieu d’intégration des nouvelles expériences. II est une réalité indissociable de l’esprit et des émotions.
La personne en PCI est continuellement ramenée à son expérience corporelle, lieu de vérité qui permet de déjouer les mécanismes de défenses habituels. Le thérapeute supporte son client à vivre dans et à travers son corps et à s’y ancrer grâce à l’attention qu’il y porte. Nous utilisons également la respiration, le mouvement et différentes techniques corporelles douces pour augmenter la vitalité et favoriser l’expérience d’expansion du Soi.
Le travail des frontières et de la présence est un outil extrêmement raffiné en PCI. Ces deux habiletés sont essentielles au processus thérapeutique car elles permettent à la personne de contenir son expérience et de développer un sentiment de Soi bien enraciné dans une frontière qui lui appartient. La présence est la capacité d’attention soutenue à son expérience physique, émotive et énergétique. La frontière est l’espace physique, émotif et intellectuel que la personne occupe dans l’univers. Le thérapeute en PCI aide la personne à se doter d’une frontière et d’une qualité de présence lui permettant de mieux respecter et de mieux gérer ses propres besoins en relation. La frontière saine remplace alors, peu à peu, la frontière défensive devenue néfaste pour Soi.
Retracer l’histoire des schémas relationnels vécus par la personne, à l’aide du scénario originel, est essentiel au processus thérapeutique. Ce travail de prise de conscience de l’origine des blessures et des mécanismes de défenses développés pour y survivre, se fait d’abord grâce à l’aide d’un tableau synthèse puis, ensuite, à travers toute l’élaboration de l’expérience thérapeutique. Les thèmes de vie et les schémas relationnels mis en évidence indiquent au thérapeute les directions à suivre et les enjeux transférentiels qui se manifesteront. Chacun de nous portons, en effet, profondément ancré dans notre mémoire cellulaire, les empreintes d’expériences que nous reproduisons, sans le vouloir, dans nos relations intimes.
Les mécanismes de protection, autrefois utiles, constituent, dans la vie actuelle, une entrave à la pleine réalisation du Soi. Ils se sont cristallisés sous la forme d’un style défensif particulier que la personne exprime dans ses relations. La PCI identifie trois positions fondamentales à partir desquelles une personne essaie de gérer ses enjeux de blessures d’abandon et/ou d’envahissement.
Grâce au travail corporel, la cuirasse caractérielle (au sens de W. Reich) est amenée à la conscience. Reconnaître les effets de son style défensif dans son corps (tensions chroniques, oppressions, maux de dos, migraines, etc.) motive à faire des choix différents et, avec l’expansion du Soi, donne accès à de nouvelles ressources qui vont produire un relâchement des tensions corporelles et générer maintenant des frontières plus saines.
L’agence est une attitude qui consiste à mettre de côté son expérience de soi pour s’occuper des autres. Enfants, nous avons appris à essayer« d’arranger » nos figures parentales pour qu’elles soient suffisamment stables pour prendre soin de nous. Nous avons ainsi appris à écouter notre voix intérieure seulement pour la mettre au service des autres (ou contre les autres, donc encore en réaction). C’est une réaction viscérale qui ne peut être changée en intervenant seulement au niveau idéationnel ou comportemental. Sans une conscience corporelle des effets de l’agence, cette tendance continuera à se manifester.
La vie actuelle de la personne nous révèle à quel point elle vit de façon créative et en accord avec elle-même ou, au contraire, dans quelle mesure elle répète son scénario originel avec toute la souffrance, les sentiments d’impuissance et de lassitude que cela implique. Apprendre à sortir de la fragmentation (expérience de morcellement du sentiment d’identité) provoquée par les heurts avec la réalité, donne à la personne des outils nouveaux pour mieux composer avec les circonstances actuelles de sa vie. En suivant des étapes précises et efficaces, elle peut maintenir le contact avec la réalité et ne plus sombrer (ou de moins en moins longtemps) dans le désarroi du petit enfant qu’elle n’est plus.
En PCI, la relation thérapeutique fait partie intégrante du processus. Le transfert qui se joue est interprété à la lumière du scénario et du style défensif de la personne. Grâce au travail corporel et aux reflets appropriés du thérapeute, la personne prend conscience de tout ce qui se rejoue dans la situation thérapeutique et peut enfin prendre soin de blessures jusque-là enfouies dans l’inconscient. Les blessures ont été causées en relation et ne peuvent être réparées qu’en relation. Le thérapeute est un témoin actif et privilégié de l’expérience du client et offre des miroirs psychocorporels adéquats pour permettre à la personne d’identifier aussi bien ses manques que ses expériences d’expansion au cours du processus thérapeutique.
L’objectif ultime est de supporter l’expansion du Soi de la personne et de développer sa capacité de ressentir ses expériences de façon contenue tout en restant présente à soi. L’expérience de vitalité et de bien-être ressentie dans le corps qui se déploie en cours de thérapie, mène graduellement à un sens nouveau. Allant au-delà de la répétition du scénario originel, la personne expérimente des sentiments profonds d’appartenance à la vie et d’expansion de son être. Cette expérience transpersonnelle offre un nouveau champ de conscience donnant accès à une sécurité et une liberté intérieure qui se manifeste par une vie plus satisfaisante, plus créative et ouverte sur le monde extérieur, en bon équilibre entre ses ressources et ses limites.